Autrefois, à l'époque du Japon féodal, le Shogun du moment était confronté à un gros problème :
dans sa demeure, un rat particulièrement fort tenait tous les chats en échec ; aucun d'eux n'osait se frotter à lui.
Pour trouver une solution, le Seigneur de la Guerre envoya ses messagers dans les quatre coins du comté.
Ainsi, il apprit que dans le village voisin vivait un vieux chat, exceptionnellement doué pour occire les rats, quelque soit leur gabarit.
Après les politesses d'usage, le tigre de salon fila tout droit devant la cheminée d'où il ne bougea plus.
Dès le lendemain, le rat vint le narguer, en passant ostensiblement devant lui, en roulant des épaules.
Le vieux chat daigna à peine ouvrir les yeux pour le regarder. L'autre, imbu de sa force et de son agilité, se rapprocha de plus en plus... toujours pas de réactions.
Avec le temps, le Shogun devint d'humeur maussade, car son tueur tant réputé se comportait davantage comme un squatter, nourri et logé de surcroît.
Quand le rat passait devant le matou, il ne prêtait même plus attention à lui, tout occupé à organiser ses razzias.
Jusqu'au jour où le vieux chat le foudroya d'un coup de patte, un atémi en pleine poire, suivi d'un coup de dents pour briser la nuque.
Quand le Shogun rentra chez lui, il vit le cadavre à l'entrée, et le vieux chat au coin du feu, comme à l'accoutumée... comme s'il ne s'était jamais rien passé.
source : "contes d'arts martiaux" - Ed Poche