le sang, la mort et le diable
Jean-Paul Bourre
Dès 1965, j’ai fait la connaissance psychédélique du diable,
en avalant cinq cent microgrammes d’acide.
L’expérience des hallucinogènes - comme le L.S.D. - avait ouvert une brèche
dans les vieilles habitudes.
On croyait que tout ètait possible, que l’univers était un bouillonnement de forces, d’énergies, que rien n’existait, en dehors de cette danse incroyable,
et que les dieux et les démons nous offraient d’autres voyages,
plus haut, plus loin.
La monstrueuse sensation se réveille un jour, avec le besoin de grands espaces,
c’est à dire la passion de chercher, de découvrir, d’explorer, en se plaçant en insécurité,
en devenant adepte du mystère.
L’aventure est belle, terrible et noire.
Elle accepte le désir, l’exitation du corps.
Une sorte de mémoire antédiluvienne submerge la conscience quotidienne.
On sent le corps couvert d’écailles, la bouche pleine de racine,
comme un dinosaure de la préhistoire. Ce vertige est terrifiant.
Il communique une lucidité diabolique.
Le voilà le pouvoir que donne le diable!
Un élargissement démentiel de la conscience, du cerveau, de la mémoire.
Cette sensation n’est pas toujours agréable.
Elle te place au bord du vertige, provoque des transes, des insomnies.
Les nerfs s’allument, s’aiguisent,
tissent un réseau d’électricité qui brule, dévore.
Certains jours, ça fait mal.
Quelque chose lutte en toi.
C’est comme un animal à fourrure blanche qui essaie de sortir, d’échapper au piège.
Il a des larmes dans les yeux.
Sa présence nous rend triste.
Il ressemble à l’enfance, et il va mourrir simplement parce que tu l’as voulu,
et que tu as préféré la perversion splendide.
Mais comment vivre cette lucidité sans risquer de se retrouver
dans la peau d’un Charles Manson, le couteau sacrificateur dans la main,
du L.S.D. plein les neurones,
avec l’envie de foutre en l’air le premier commandement de Dieu?
Pour certains types à la cervelle fragile, il suffit d’écouter des groupes rock
comme A.C.D.C. ou Black - Sabbath pour faire la révolution diabolique
en trente secondes, et brandir un couteau pour aller poignarder le premier venu,
au nom du diable.
Mauvais controle. Affronter les ténèbres en soi demande lucidité et recul
sur toutes nos émotions...
sinon, la haine du voisin, ou le désir de régler des comptes avec ton patron,
ta concierge ou le flic du coin deviendra très vite une spirale délirante
avec le meurtre au bout... toujours au nom du diable.
Je considère la haine et le meurtre comme un lamentable échec,
la preuve de la misère de l’homme qui souffre,
et qui cherche à s’annéantir en anéantissant l’autre.
Les cultes rendus aux forces des ténèbres font de toi le seul sacrificateur et le sacrifié. Cette plongée dans les contradictions de l’ame humaine te rapproche de toi-meme,
c’est à dire d’une horreur centrale,
un trou noir magnétique qui est comme une sorte de vampire supreme.
Rien d’autre au bout du voyage...
et tu sais bien que tu peux devenir irrémédiablement fou,
à force de méditer sur l’énigme de l’univers et le secret de la mort.
Jean_Paul_Bourre-le_sang_la_mort_et_le_diable.pdf
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